Artistes : les métiers culturels déconseillés

Aucune des professions relevant de la culture n’est comptée dans l’enquête sur les métiers d’avenir ,   ce qui suscite des interrogations le devenir du secteur culturel.


Exposition " Credo In Unum Deum", 23 août 2018, Doual'Art

Dans un classement desdits métiers les plus précaires et incertains au Cameroun par le site en ligne Lebledparle, les cinq premiers métiers relèvent des domaines de la culture. Il s’agit des professions curieusement bien connues et qui ont pignon sur rue. L’avantage de certains de ces domaines est que l’activité surexpose les travailleurs qui deviennent des vedettes. C’est dans ce registre que s’inscrit le tout premier métier de ce top ten : le mannequinat. Une véritable surprise pour le commun des mortels. L’explication avancée tient en ce que malgré les forums de mode, les agences de mannequins, les magazines dits « people » et même des défilés de mode réguliers, l’activité peine à nourrir ses adeptes au Cameroun. Ils sont obligés d’emprunter les couloirs des concours de beauté ou deviennent des hôtesses à temps partiel.

Les amateurs de photographies sont eux aussi avertis. Le métier ne devrait pas faire rêver en dépit de la beauté des images produites aujourd’hui grâce à l’évolution technologique. Comme un couteau à double tranchant, les nouvelles technologies ont favorisé la popularisation des Smartphones qui désormais contribuent à dévaloriser le métier de photographe. Seuls quelques professionnels de bonne réputation tiennent encore le flambeau : Alain Ngann, William Nsai, Vadofilms ou encore Orphée Noubissi. Beaucoup évoluent en free-lance.

Les deux métiers ci-dessus cités en plus des artistes peintres, des danseurs et des chanteurs musiciens composent le quinté de tête de ce classement. Il est expliqué que les artistes peintres broient du noir en raison de ce que le pouvoir d’achat faible fait en sorte que s’acquérir un tableau reste un luxe pour bien de camerounais. Quant aux danseurs, ils ne bénéficient que d’un revenu mensuel variant entre 20 000 et 50 000 Fcfa. Ils sont abandonnés à leur propre sort lorsque survient un accident. Pour ce qui est des musiciens, ils sont très peu à revendiquer la vente de leurs produits pour un volume considérable. Les sociétés de droits d’auteurs, pour peu qu’elles existent ne réussissent pas encore à protéger et promouvoir leurs membres. Il n’existe pas de société d’édition légale, encore moins de société de distribution d’œuvres physiques au plan national. Difficile dans ce contexte de réunir des revenus mensuels équivalents à environ 200 000 Fcfa par mois.

Les autres métiers qui complètent cette liste sont athlètes, serveurs, domestiques, vigiles et vendeurs à la sauvette. Des professions qui regroupent pourtant une masse importante de ressources humaines.  

Dans une autre enquête proposée par le site Obosso au sujet des dix métiers de demain au Cameroun, les métiers relevant des nouvelles technologies et de la distribution sont en pôle position. Pas une référence concernant les professions relevant du domaine des arts et de la culture dans son ensemble. Même pas des métiers culturels en forte corrélation avec l’outil numérique. Une projection qui a de quoi inquiéter pour des milliers d’apprenants investis dans ces filières. Reste que le génie d’un seul individu peut changer toute cette donne.

Claudel Tchinda