Comment interpréter notre quotidien autrement que par une suite de contraintes qui, pour Fleury Ngamele, constitue des rituels.
Vernissage de l'installation " Chaines et Rituels III", Yaoundé, 18 septembre 2020, Cipca
Sommes-nous tous embrigadés dans des actes que nous croyons mus par notre volonté alors qu’il ne s’agit que du fruit d’un conditionnement sociétal ? Impossible de ne pas avoir l’esprit tourmentée par cette interrogation, dès l’amorce de la moitié du parcours de l’exposition plastiques Chaines et Rituels III proposée par Fleury Ngamele, depuis le 18 septembre 2020 au Centre international pour la protection et la conservation du patrimoine (Cipca).
La carte du monde éclatée et partagée sur les murs de la salle d’exposition renseigne d’entrée de jeu qu’on n’est épargnée de ce phénomène que si l’on n’appartient pas à la terre. Plus loin, l’ensemble des objets disposés dans cette enceinte, quel qu’ils soient, quelques soit leur position et leur hauteur sont liés à quelque chose d’invisible, représenté ici par le mur blanc, par de grosses chaines. Or, les hommes du monde entier s’accordent à défendre qu’ils sont libres ou même laissent qu’on les présente ainsi. Là, ne s’arrête pas l’analyse entamée par l’artiste qui nous plonge dans notre vécu quotidien. Le choix de sa chapelle religieuse, décider de se marier, la manière de ses vêtir… et même ce dont on rêve devraient être interrogés.
Vernissage de l'installation " Chaines et Rituels III", Yaoundé, 18 septembre 2020, Cipca
La violence du questionnement a poussé le poète, plasticien, promoteur culturel à représenter ses sujets par des bouilloires. Objets multi-usages et multifonctionnels en fonction des individus, des sociétés et des pratiques consacrées. Il peut servir de réservoir pratique d’eau à la cuisine, pour le café, mais aussi de réservoir pour les ablutions avant la prière pour des adeptes de plusieurs religions.
Le vernissage de cette exposition, le 18 septembre dernier, a donné lieu à un spectacle pluridisciplinaire débouchant sur l’œuvre elle-même. La chorégraphe et danseuse professionnelle Agathe Djokam dans une expression corporelle dynamique a conduit progressivement, tel un guide, des visiteurs au cœur de l’installation, où le léger éclat des ampoules incandescentes à fait surgir des deux coins de la salle, deux voix, celles de Sadrack Pondi et Danielle Eog, déclamant des textes poétiques contenus dans l’ouvrage de l’artiste Fleury Ngamele produit peu de temps avant la programmation de l’évènement.
Vernissage de l'installation " Chaines et Rituels III", Yaoundé, 18 septembre 2020, Cipca
Chaînes et Rituels III tout en cristallisant l’attention sur le sujet mis en exergue a offert l’occasion à plusieurs visiteurs de renouer avec les espaces culturels depuis la survenue de la crise sanitaire. Elle a aussi consacré l’inauguration du nouveau site du CIPCA sis au quartier Omnisports de Yaoundé.
L’exposition Chaînes et Rituels III peut être visitée jusqu’au 30 octobre 2020.
Claudel Tchinda
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