Sécurité alimentaire : plaidoyer pour l’agriculture familiale

Contrairement aux idées reçues, l'agriculture familiale est propice à la réalisation d’un développement durable.

Récolte du riz, Mali, Rfi.fr


L’agriculture conventionnelle ou industrielle est focalisée sur une seule spéculation (palmier, hévéa, banane, etc). Elle est pratiquée sur des très grandes étendues de terres et nécessite des équipements adéquats et une main d’œuvre plus ou moins qualifiée. Apparue après la deuxième guerre mondiale, cette forme d’agriculture est adossée sur la chimie en ce sens qu’il est fait usage des produits chimiques pour booster la production, lutter contre les maladies des plantes et même pour la conservation des récoltes. Les pesticides utilisés contre les herbes appauvrissent le sol. D’autres études indiquent qu’au-delà du fait que des traces desdits produits chimiques se retrouvent dans les aliments, les produits issus de cette agriculture favorise l’accumulation des graisses qui occasionne des pathologies diverses. Pourtant, cette agriculture, en général, orientée vers l’exportation et la transformation ne bénéficie pas directement aux populations riveraines. Elles n’en consommeraient, à la limite du possible, que des rebus disqualifiés à l’exportation parce qu’étant hors norme. Autant d’inconvénients avancés par les organisations de la société civile (Osc) pour s’inquiéter de la ruée observée, ces dernières années, vers les terres arabes d’Afrique et d’Asie en raison de la crise alimentaire au niveau mondial. Mais aussi pour revendiquer plus à l’agriculture familiale.

La première critique émises par ces Osc investies dans le domaine agricole est la concession de larges bandes de terre aux industriels agricoles pour les monocultures au détriment de l’agriculture familiale (pratiquée sur des espaces compris entre 3 et 5 ha) qui pourtant occupe 60% de la population dans le monde et représente 30% du produit intérieur brut. Et contrairement aux apparences, il est démontré que c’est grâce à l’agriculture familiale que les millions de citadins sont nourris. L’explication veut que le surplus de la production l’agriculture familiale nécessaire à la consommation est dirigé vers les grandes agglomérations à la différence de l’agriculture conventionnelle où l’essentiel de la généralement est très souvent orientée vers l’exportation et la transformation (en occident ou Aux Etats-Unis). Les statistiques démontrent d’ailleurs étonnamment que l’agriculture familiale est le plus grand pourvoyeur d’emplois. Plus de 43 millions en Indonésie, 203 millions en Afrique subsaharienne. Plus surprenant, il est indiqué que les rendements de l’agriculture familiale sont supérieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Raphael Meigno de l’Inades Cameroun explique cela par la simple méthode d’addition des quantités de récoltes dans les familles d’abord au Cameroun, puis dans le monde.


Une agriculture respectueuse de l'environnement
Bien plus que de s’adapter à tous les écosystèmes, l’agriculture familiale créée des liens de solidarité et promeut l’équilibre entre l’utilisation des ressources et le bien-être. Et par l’accessibilité (prix), la disponibilité et la durabilité de ses produits, l’agriculture familiale est la plus à même de respecter le droit à l’alimentation. Des qualités qui, selon Raphaël Meigno de l’Inades Cameroun, donnent de considérer que comparativement à l’agriculture conventionnelle, l’agriculture familiale est portée vers la réalisation de Objectifs de développement durable. C’est sans doute pour cette raison que 2008 a été proclamée année internationale de l’agriculture familiale. Et depuis 2016, borne de départ de la décennie de l’agriculture familiale, chaque pays a mis en place un comité y relatif. Mais le Cameroun n’y est pas encore. Tout de même des plaidoyers sont en cours pour suggérer la législation foncière, l’accompagnement des populations dans la pratique de l’agriculture familiale.

Les échanges sur cette question ont eu lieu le 21 septembre dernier à Yaoundé à l’occasion de la journée internationale contre les monocultures d’arbres placée sous le thème : « Les grandes plantations de monocultures d’arbres promeuvent un développement exclusif, entretiennent les conflits avec les hommes et l’environnement. Soutenons l’agriculture familiale, gage d’une agriculture durable ». Organisés par la Réseau des acteurs du développement durable, ces échanges ont permis de rassembler des propositions allant dans le sens de soutenir l’agriculture familiale comme une réelle alternative contre les monocultures d’arbres.

Claudel Tchinda