Agriculture : le mal-être des travailleurs des agro-industries

Salaires en dessous du Smig, cotisations sociales non reversées à la caisse nationale… les employés crient leur désolation.

Dans une pépinière de palmier à huile, Congo-Brazzaville, JA

Une anecdote renseigne qu’en raison de l’occupation des grandes surface de terres et de la pratique d’une seule culture parfois destinée, entièrement, à l’exportation, les populations riveraines sont contrainte de changer de régime alimentaire en adoptant le riz et de boites de conserves, au détriment de leurs habitudes alimentaires de base variées. Ce qui nécessite de moyens financiers conséquents. Malheureusement, la paie de leur époux ne suffit pas pour satisfaire les charges élémentaires d’un foyer. Selon l’enquête menée par le Réseau des acteurs du développement durable auprès de 144 riverains des exploitations agricoles de monoculture au Cameroun, le revenu mensuel est inférieur à 35 000 Fcfa pour 62% des femmes interrogées. Conséquence, les femmes se retrouvent piégées à demander du travail dans ses immenses plantations où les hommes subissent des abus multiples et multiformes.

Me Batang Bertille a sillonné les régions du Littoral et du Sud Cameroun, elle fait observer qu’au-delà des conditions de travail archaïques, et du fait que les entreprises de monoculture emploient de milliers de travailleurs, hommes et femmes, qui reçoivent un salaire en dessous du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), ces derniers ne reçoivent pas de fiche de paie. Elle ajoute que ces travailleurs ne bénéficient pas non plus de la prise en charge en cas d’accidents de travail, de décès, etc. Il est aussi rapporté que les cotisations sociales prélevées ne sont pas reversées à la caisse de prestations compétente. Le mauvais traitement des employés s’étend à la réglementation de leurs besoins. Puisqu’il leur est demandé de refréner leurs besoins naturels à savoir se restaurer et se soulager. Ils doivent attendre la sortie fixée à 13 h pour les employés d’Olam, au Gabon.

La situation des femmes travailleuses est davantage décriée. Une enquête sur le cas des femmes employées dans les plantations de palmeraies des villages N’Zikro, Toumanguié et Yapokro en Côte d’Ivoire. Elles disent être contrainte de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille. Mais elles font face à des situations désobligeantes qui ont vont jusqu’au viol. La situation est similaire dans la Ngounié au Gabon où il est constaté des agressions sexuelles et des harcèlements. Ces dernières qui revendiquent en silence le droit de s’alimenter de façon descente, d’avoir de l’eau potable, de se loger en sécurité sont pourtant contrainte de quitter leur domicile à 5 h ou 4 h30 min du matin, en raison de l’éloignement des plantations. C’est encore elles qui déplorent le fait que la promiscuité avec les produits chimiques les rend sujettes à des dermatoses, pneumonies et cause même de l’infertilité.

En attendant de voir les gouvernements se pencher sur ces préoccupations, des associations ont pris l’engagement de sensibiliser ces travailleurs sur leurs droits, de former les femmes aux activités susceptibles d’accroître leur revenus et leur apporter une certaine autonomie. Les femmes étant présentées comme la principale victime des abus socio-professionnels.

Claudel Tchinda