Show Azazou souligne le grand besoin de reconnexion de la population urbaine aux sources endogène
Show Azazou en spectacle lors de la 6ème édition du festival de conte Minkana, Yaoundé, 2022
Le promoteur du Festival du conte Minkana revient sur le déroulement du festival et l'impact des innovations introduites au cours de la 6ème édition.
1- Comment s'est déroulée la 6ème édition du Festival International du Conte Minkana ? a été enrichie d'innovations,
Après deux années de crise, le festival international du conte MINKANA a relancé ses activités cette année pour sa sixième édition organisée du 3 au 9 avril dernier à Yaoundé au musée des peuples de la forêt, au CIPCA (Centre international pour le patrimoine culturel et artistique) et à Othni laboratoire de théâtre de Yaoundé avec plusieurs activités. Cette édition a été très belle, car elle nous a permis de réaliser le grand besoin de reconnexion de la population urbaine aux sources endogène.
Le public a répondu présent aux activités du festival dans le but de reconnecter au conte qui berça l'enfance de plusieurs d'entre nous. La particularité de cette édition a été le forum des métiers du conte qui a rassemblé les artistes et promoteurs culturels de tout bord afin de réfléchir sur une possibilité de créer une véritable industrie culturelle autour du conte.
2- Quel est l'objectif recherché à travers la mise en œuvre d'une kyrielle d'innovations telles que "La grande nuit du conte", "La soirée Contes et Proverbes", des ateliers, etc.??
L'objectif recherché à travers toute ces activités innovantes est de reconnecter les populations au contes de diverses manières. Au-delà de la tradition orale, le conte est une grande source d'inspiration pour les artistes et les promoteurs culturels. La diversité des approches autour de l'art du conte permet de redorer le blason du métier de conteur dans la société actuelle.
La grande nuit du conte au musée des peuples de la forêt a permis au public de vivre comme dans ses origines anciennes autour d'un grand feu de bois. Ce fut également le cas de la soirée contes et proverbes au CIPCA avec plusieurs conteurs tels que Charles Kouasseu, Ondoa l'Afrikain, Véronique Nzié de France, Annie Tsawack et Grimo .
3- Quelle est l'apport des autres arts (musique, arts visuels, arts vivants...) dans la vulgarisation et la popularisation du conte ?
Tous les arts, à la base, sont des histoires qui se racontent. Les artistes au-delà de leurs différentes expressions artistiques racontent des histoires avec les médiums qui leur parlent. Cette année, nous avons eu la participation des musiciens Roger BESSALA (joueur de tam-tam et percussionniste) et Rass NGANMO (guitariste et créateur de sons) qui ont assuré la peinture sonore des spectacles du festival. Le conte se voit marginalisé dans l'écosystème culturel Camerounais aujourd'hui peut-être parce qu’il a du mal à se contextualiser.
Le conte est un art vivant qui ne doit pas fonctionner en autarcie et qui au contraire doit évoluer et s'actualiser. C'est le cas de mon spectacle ESSINGANG présenté à Othni où le conte se raconte dans une installation visuelle, une poubelle qui représente les enjeux écologiques et climatiques actuels.
4- Quel est l'ambition soutenue par la mise en route du forum des métiers du conte ?
L'ambition est de fédérer les expertises culturelles et les différentes expressions artistiques pour redonner au conte sa valeur d'antan avec des enjeux contemporains. Le conte aujourd'hui peut servir à enrichir d'avantage le cinéma et le théâtre en Afrique, sans oublier les autres formes d'art. Car, le conte est un référent endogène ancien qui, par ses symbolismes, permet de valoriser notre patrimoine culturel dans un contexte de mondialisation.
Propos recueillis par Claudel Tchinda