Un plaidoyer est en préparation pour solliciter le soutien des pouvoirs publics à l’endroit de cette catégorie de travailleurs.
Musée des civilisation, Dschang, Wikipédia
On savait, les musées du Cameroun étaient, avant la covid-19, très peu fréquentés par les nationaux. Tout de même, le tourisme lié aux déplacements des fonctionnaires dans les différentes localités du pays, permettaient de temps à autres de faire subsister ces institutions. Les visites des touristes étrangers et notamment des afro-américains, en quête d’une connaissance sur leurs origines, contribuaient à donner encore un contenu tangible aux missions des musées.
Depuis la notification des cas positifs de Coronavirus dans le pays, suivie des mesures de protection sanitaire des populations, le mince espoir des lendemains qui chantent a volé en éclat. Les musées ont baissé leurs rideaux. Les portes sont restées jusqu’alors closes. Le risque étant trop élevé pour continuer à accueillir des visiteurs. De peur d'exposer son personnel et son public à une éventuelle contamination. Optant pour la même démarche, les centres culturels majeurs à savoir l’Institut Français et le Goethe Institut ont cessé leurs activités. Comme les restaurateurs, les conservateurs et les guides des musées, les artistes sont depuis lors en confinement forcé. Comment survivre dans ces conditions lorsqu’on a pas de revenus ?
Désertions des musées dans les zones difficiles
En 2017, un répertoire des musées du Cameroun a été réalisé par la section camerounaise de l’Organisation internationale des musées (Icom-Cameroun) avec l’appui du bureau sous régional de l’Unesco. Ledit répertoire révélait déjà les faiblesses de ce secteur. Avec un accent prononcé sur les difficultés financières et l’absence d’appui de l’Etat. Puis, le déclenchement de la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a provoqué la désertion desdites régions par les professionnels des musées. Fuyant pour leur sécurité, au même titre que les populations.
Christian Nana, le président en exercice de l’Icom-Cameroun et tout son bureau avait proposé une solution provisoire. Exhortant les promoteurs et gestionnaires des musées des zones stables à accueillir les conservateurs, guides et restaurateurs issus des régions en difficultés. L’objectif était de donner la possibilité à ces travailleurs déplacés de continuer à exercer et ainsi conserver les réflexes professionnels. Malheureusement, cette solution n’a pas prospérée en raison des difficultés logistiques et financières des promoteurs des espaces d’exposition d’objets d’art. Plusieurs mois auparavant, c’était déjà les professionnels des régions du Nord et de l’Extrême-Nord qui se retrouvaient en difficulté. Sans le souhaiter, ils avaient fermés les volets de leurs différentes structures. Les adeptes de la secte Boko Haram semant quotidiennement meurtres, destruction et désolation.
Toutes ces difficultés ainsi résumées ont fragilisé et découragé le secteur muséal autant que les activités touristiques et artistiques apparentées. Et depuis peu, les habitués des couloirs des musées sont livrés aux désœuvrements. La récente célébration de la journée internationale des musées le 18 mai 2020 sous le thème : « Musées pour l’égalité : diversité et inclusion » n’a été meublé, au Cameroun, que de déclarations, en termes d’activités. Celle du ministre des Arts et de la Culture et celle du président de l’Icom-Cameroun. Difficile d’envisager une action d’envergure à court terme, la pandémie étant loin d’être maitrisée. L’avenir non plus n’augure de belles perspectives.
Toutefois, des réflexions sont en cours au bureau de l’Icom-Cameroun concernant la situation des professionnels déplacés des zones difficiles. Il est évoqué un plaidoyer pour solliciter de la part de l’Etat une prise en considération de la situation de ces travailleurs en situation désespérée.
Claudel Tchinda
Par ici les musées
- Hits: 5484